publications

En août, des chercheurs de l’OMF issus de nos centres collaboratifs de l’université de Stanford et de Montréal ont publié deux articles consacrés à l’étude du mouvement des globules rouges et à la corrélation entre un marqueur plasmatique et les profils symptomatiques. Je souhaite bien sûr partager ces deux publications avec vous tous, mais aussi essayer d’établir certains liens entre les deux études, liens qui ne sont peut-être pas évidents au premier abord.

Le cœur du sujet :

  • Une étude du Centre collaboratif de l’OMF à Stanford a révélé que les personnes atteintes d’EM/SFC ont une vitesse capillaire des globules rouges plus lente en cas de faible teneur en oxygène (pO2).
  • Un article publié par le Centre collaboratif de l’OMF à Montréal a révélé que de faibles niveaux de facteur de croissance fibroblastique 21 (FGF-21) sont corrélés à un malaise post-effort (MPE) plus grave, et que des niveaux élevés de FGF-21 sont corrélés à une meilleure fonction cognitive.
  • En essayant d’établir des liens entre ces études, on constate qu’une réduction de la pO2 et un dysfonctionnement mitochondrial peuvent entraîner une diminution de la vitesse capillaire des globules rouges et des niveaux différents de FGF-21, et que la combinaison de ces facteurs est corrélée à différents profils de symptômes.

Photo of Dr. Ron Davis wearing a green t-shirt and smiling.Évaluation microfluidique de la vitesse capillaire des globules rouges régulée par la pO2 dans l’EM/SFC

 

Cet article explore la vitesse des globules rouges dans les capillaires microfluidiques à différentes tensions d’oxygène (pO2). Les chercheurs ont découvert qu’à une pO2 réduite (faible taux d’oxygène dans le sang), la vitesse des GR était altérée chez les personnes atteintes d’EM/SFC. Ce résultat pourrait permettre de diagnostiquer l’EM/SFC et de tester l’efficacité des traitements visant à améliorer la vitesse des GR.

 

Lire la publication complète dans la revue Blood RCI.

Photo of Dr. Alain Moreau wearing glasses and a blue shirt. He is standing outdoors, with green leaves visible in the background.

 

 

Le FGF-21 circulant en tant que facteur modificateur de la maladie associé à des symptômes distincts et à des profils cognitifs dans l’EM/SFC et la fibromyalgie

Cet article a étudié les niveaux de facteur de croissance fibroblastique 21 (FGF-21) dans l’EM/SFC et la fibromyalgie, en les corrélant avec la charge symptomatique et la fonction cognitive. Cette étude a révélé que de faibles taux de FGF-21 étaient corrélés à une augmentation de la gravité du malaise post-effort (PEM) et des symptômes immunitaires/autonomes dans l’EM/SFC. Des taux élevés de FGF-21 étaient corrélés à de meilleures fonctions cognitives, mais à une fatigue accrue dans l’EM/SFC. À l’avenir, ces résultats pourraient permettre d’identifier des sous-types cliniquement significatifs afin d’orienter la médecine de précision.

Lire la publication complète dans la revue International Journal of Molecular Sciences.

Une vision plus globale

À première vue, ces deux études semblent sans rapport, alors comment s’inscrivent-elles dans le contexte plus large de l’EM/SFC ? Une réduction de la pO2 peut stimuler la production de FGF-21 en tant que réponse au stress. Le FGF-21 peut avoir un impact sur le flux sanguin cérébral et la microcirculation en général grâce à son action sur les cellules endothéliales vasculaires. Une vitesse capillaire des globules rouges altérée peut à son tour exacerber les problèmes d’apport en oxygène et donc contribuer au MPE. De plus, le FGF-21 est un marqueur du dysfonctionnement mitochondrial, qui est également lié à la déformabilité des globules rouges.

En combinant ces deux études, nous pouvons donc essayer d’établir des liens entre la pO2 et le dysfonctionnement mitochondrial d’une part, et les niveaux de FGF-21 et la vitesse capillaire des globules rouges d’autre part, avec différents profils de symptômes. Dans ce cas, nous pourrions considérer la réduction de la pO2, peut-être due à une extraction d’oxygène altérée, et/ou une dysfonctionnement mitochondrial comme des facteurs déclenchant une altération de la vitesse capillaire des globules rouges et des changements dans les niveaux de FGF-21. Les personnes qui produisent des niveaux plus élevés de FGF-21 pourraient ainsi compenser partiellement la réduction de la vitesse capillaire des globules rouges par une amélioration du flux sanguin cérébral, ce qui correspondrait à une meilleure cognition. Mais celles qui ont des niveaux plus faibles de FGF-21 pourraient ne pas avoir cette capacité, ce qui entraînerait un MPE plus grave.