Article de recherche #TripleGivingTuesday
Une conversation avec le Dr Alain Moreau : Trois projets de recherche révolutionnaires en cours !
C’est la troisième semaine du #TripleGivingTuesday, la semaine des dons triplés, la plus grande campagne de collecte de fonds de l’OMF de l’année ! Lorsque vous donnez à l’OMF d’ici le 30 novembre, votre don est TRIPLÉ – c’est-à-dire que l’impact de la recherche est triplé !
En l’honneur de la campagne, nous sommes heureux de partager avec vous une nouvelle entrevue avec Alain Moreau, directeur du Centre de recherche collaborative sur l’EM/SFC établi par l’OMF au CHU Sainte-Justine/Université de Montréal. Récemment, le Dr Moreau a discuté avec nous de trois projets révolutionnaires en cours au Centre collaboratif de Montréal !
Comment êtes-vous entré dans le domaine de la recherche sur l’EM/SFC ?
En 2015, j’étais directeur de la recherche et directeur scientifique au CHU Sainte-Justine à Montréal. Un ami (le Dr Morris Duhaime) m’a demandé conseil sur les priorités de recherche dans le domaine de l’EM/SFC, sur la façon d’augmenter la capacité de recherche et sur ce qu’il faudrait faire pour accélérer la découverte de biomarqueurs et de traitements.
À sa demande, j’ai soumis mon rapport scientifique sur l’état actuel des connaissances dans le domaine de l’EM/SFC. J’ai trouvé très préoccupant le peu de connaissances disponibles pour une maladie qui touche des millions de personnes dans le monde. Après cela, j’ai suggéré une proposition de recherche à une fondation privée, qui a été acceptée et financée.
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris en découvrant cette maladie ?
L’EM/SFC est probablement la dernière énigme médicale du XXIe siècle qui touche des millions de personnes dans le monde. Malgré une incidence aussi élevée et l’augmentation alarmante du nombre de personnes touchées, seuls quelques groupes de chercheurs se sont penchés sur cette maladie chronique complexe. De plus, comme l’EM/SFC est une maladie orpheline (une affection courante qui a été ignorée) en raison du manque historique de reconnaissance en tant que véritable maladie physique, la recherche et le développement de traitements novateurs ont pris du retard.
Pouvez-vous nous donner un aperçu des projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Actuellement, nous travaillons sur trois projets de recherche :
- MAESTRO-ME (Approches multi-omiques pour résoudre l’encéphalomyélite myalgique)
- SCOPIMED (Étude des profils des survivants de la COVID- 19 pour la détection de son passage à l’encéphalomyélite myalgique)
- DOMINO-ME (Profilage profond du protéome et du métabolome pour décoder l’encéphalomyélite myalgique)
MAESTRO-ME : L’objectif global de ce projet est d’identifier des biomarqueurs (dans le plasma et l’urine) pour le diagnostic de l’EM/SFC, de classer les malades en sous-groupes associés à la gravité des symptômes et de prédire leur réponse thérapeutique aux médicaments qui peuvent être reconvertis pour traiter l’EM/SFC.
Jusqu’à présent, nous avons découvert 11 micro ARN différents associés à l’EM/SFC qui peuvent différencier les malades de l’EM/SFC des personnes non malades avec une précision de 90 pour cent !
Ensuite, nous avons identifié d’autres protéines circulantes (par exemple, la thrombospondine-1) associées à des symptômes spécifiques (POTS, brouillard cérébral, fatigue, etc.) qui pourraient être ciblées par des médicaments actuellement utilisés pour traiter d’autres maladies.
SCOPIMED : L’objectif de cette proposition de recherche est de comprendre les mécanismes moléculaires qui sous-tendent le développement de symptômes persistants après une infection par la COVID-19 chez des patients non hospitalisés. Des estimations récentes suggèrent qu’environ 30 % des patients non hospitalisés développeront une COVID longue. Notre équipe de recherche est bien placée pour fournir une compréhension complète des raisons pour lesquelles certains survivants de l’infection à la COVID-19 développent l’EM/SFC et des maladies chroniques connexes (par exemple la fibromyalgie) alors que d’autres ne le font pas.
Les chercheurs travaillant sur l’EM/SFC comprennent que les infections virales, combinées à d’autres facteurs, contribuent probablement à l’apparition de l’EM/SFC et des affections connexes. Cependant, il est également essentiel d’identifier les mécanismes moléculaires menant au développement de ces affections.
En outre, ce projet vise à distinguer les symptômes de l’EM/SFC des autres types de symptômes chez les personnes atteintes de Covid longue, le plus tôt possible. Une telle approche peut conduire à l’évolution d’algorithmes prédisant leurs trajectoires cliniques. Elle offre également la possibilité d’identifier des stratégies de traitement ciblées.
DOMINO-ME : L’objectif de ce projet est de mieux comprendre les mécanismes moléculaires qui sous-tendent la pathophysiologie de l’EM/SFC et la variabilité des symptômes. En fin de compte, cela peut conduire à l’identification de cibles thérapeutiques et de stratégies d’intervention.
Le projet DOMINO-ME s’appuiera sur notre caractérisation phénotypique approfondie des patients atteints d’EM/SFC (processus de visualisation de la façon dont les mécanismes moléculaires sous-jacents à l’EM/SFC se présentent), développée au cours du projet MAESTRO-ME. En combinant le profilage protéomique et métabolomique des échantillons de plasma, nous espérons découvrir des stratégies permettant de mettre en évidence le processus de développement de l’EM/SFC.
DOMINO-ME mobilise trois centres de recherche collaborative de l’OMF sur l’EM/SFC (Melbourne, Montréal et Uppsala) et constitue un bon exemple de ce qui peut être réalisé lorsque des équipes de recherche multidisciplinaires collaborent.
C’est une nouvelle étonnante que votre équipe ait jusqu’à présent découvert 11 micro-ARN différents associés à l’EM/SFC, capables de différencier les malades de l’EM/SFC des porteurs sains avec une précision de 90 %. Quelle est la signification de cette découverte, et qu’espérez-vous en retirer ?
Ces signatures d’expression différentielle de micro ARN peuvent distinguer les sujets atteints d’EM/SFC des témoins sains et peuvent potentiellement être un outil pour prédire les réponses thérapeutiques avec des algorithmes d’apprentissage automatique. Ce nouveau panel de micro ARN diagnostique est maintenant utilisé dans le cadre du projet SCOPIMED pour confirmer le diagnostic d’EM/SFC chez les personnes souffrant d’EM/SFC.
Qu’espérez-vous apprendre d’autre de vos projets de recherche actuels ?
Outre le développement et la validation de nouveaux biomarqueurs de diagnostic/pronostic et d’outils cliniques, nous espérons bientôt confirmer des cibles thérapeutiques pouvant être traitées par des médicaments actuellement utilisés pour d’autres pathologies.
Qu’est-ce qui vous donne le plus d’espoir pour l’avenir de la recherche et des malades de l’EM/SFC ?
L’Open Medicine Foundation a créé un écosystème unique de recherche collaborative qui change certainement la donne dans le domaine de l’EM/SFC. En encourageant l’excellence de la recherche et en soutenant la collaboration entre les différents centres et chercheurs, l’OMF nous rapproche d’un remède pour l’EM/SFC. Il faut du temps et de multiples investissements pour parvenir à des découvertes révolutionnaires, et je suis sûr que nous sommes sur le point d’y parvenir dans un avenir proche.
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